#Partagetonsouvenir2

Quand je suis devenue maîtresse...

Il n'y a pas quarante façons de devenir maîtresse. Pour ma part, j'ai fait comme la plupart d'entre nous, j'ai passé le Master MEEF, et puis j'ai tenté le concours du CRPE (Concours de Recrutement au Professorat des Ecoles), que j'ai eu du premier coup dans l'Académie de Rennes. J'ai appris mes résultats de concours en attérissant à Mykonos, avec une amie. J'ai hurlé de joie et fondu en larmes dans l'aéroport, autant vous dire que les gens autour de moi m'ont prise pour une folle furieuse ! On a profité de ce cadre idyllique pour faire la fiesta et arroser mon p'tit succès comme il se devait ! 

Mais ce n'est pas ce jour-là que je suis devenue maîtresse... Alors je continue de vous raconter...

Quelques semaines plus tard, après avoir appris ma mutation à 50% dans une classe de CE1-CE2, commencé à travailler avec ma binôme, pris mes marques dans la classe et avec quelques membres de l'équipe, j'ai fait ma première rentrée en tant que maîtresse...Et là...Je me suis sentie complètement dépassée ! 

Je suis venue assister ma collègue le lundi, même si ce n'était pas mon jour, pour que nous puissions accueillir nos élèves ensemble, que je vois un petit peu son fonctionnement et que je me familiarise avec l'ensemble de la classe, avant de prendre la relève pour la toute première fois deux jours plus tard. Pour être tout à fait honnête avec vous, bien que j'ai eu l'expérience de colos, de centres de loisirs, où il fallait accueillir et rassurer les parents et les enfants, je n'ai pas été plus efficace que le mur du préau ce matin-là. J'étais si stressée, si vulnérable dans mes nouvelles baskets de maîtresse, tant à la recherche de ma place, que j'ai fait office de plante verte à servir des cafés aux parents une bonne partie de la matinée. 

Du reste de la journée, je me souviens avoir pris le temps d'aller discuter avec mes élèves aux récréations, avoir aidé ma collègue à distribuer les fournitures, l'écouter parler, chercher ce que je pouvais rajouter de plus...J'enviais son assurance, son aisance dans ses paroles, ses mouvements, son ton rassurant avec les enfants, captivés par leur nouvelle maîtresse...

Je ne me suis pas sentie maîtresse ce jour-là...Ni les premiers jours où j'ai pris la classe en main...Je me suis même sentie complètement paumée, à côté de mes pompes, et à me demander ce que je faisais là. Ce n'était pas tant la relation avec les enfants qui n'était pas bonne, c'était à vrai dire, ce qui me rassurait le plus, mais la création de cours, de séquence, sentir la pression de devoir leur apprendre des choses telles qu'on m'avait demandé de le faire (n'oublions pas qu'en M1, nous sommes souvent visités, ma tutrice avait tellement de temps dans son année qu'elle est venue me voir 4 fois cette année là, ce qui est très angoissant à chaque fois, mais formateur malgré tout...).

Non, je me suis sentie maîtresse le premier jour où, et vous allez me dire que c'est cucul, mais je vous assure que c'est vrai, un élève m'a dit pour la première fois: "Grâce à toi j'ai appris un truc que je ne savais pas"... C'est pas l'oscar que j'ai gagné ce jour-là, c'est pas non plus la consécration du siècle, mais je me suis sentie mieux dans ma peau de maîtresse à partir de ce jour-là. Vivez cette expérience, vivez cette petite phrase prononcée à demi-mots, qui sonne comme un remerciement et qui vous tord tous les boyaux à l'intérieur ! C'est grâce à ce genre de petites phrases que, chaque jour, chaque semaine, je trouve de plus en plus ma place, du sens à ce que je fais pour moi, pour eux, avec eux. "Haaaaaan...J'ai compris, maitresse !"....Brrrh, cette phrase là aussi me fait de l'effet, ahah ! ça dresse les poils sur les bras, de se sentir si utile qu'on a allumé une lumière là haut, dans leur petite tête, et qu'ils ont COMPRIS et APPRIS quelque chose grâce à nous...

Enfin voilà, maintenant vous savez QUAND je suis devenue maîtresse...Et je tiens à rassurer ceux et celles qui n'ont pas encore eu leur concours, où qui se sentent à côté de leurs pompes...Laissez-vous du temps, l'habit ne fait pas le moine, et le concours n'a jamais fait un bon enseignant !