Année scolaire 2019-2020: Que faut-il en retenir ?

Aujourd'hui, nous sommes le dimanche 5 juillet 2020. 
A l'heure où j'écris cette publication, l'année scolaire vient de se terminer, j'ai dit au revoir à tous mes élèves il y a 2 jours, enfin plutôt à bientôt...

Bizarre, cette année 2020, non ? 

Elle me laisse un goût de "perplexitude" si je puis dire, une grande fatigue, et tout plein de questions... Maintenant qu'elle est finie, la plus grande question qui m'habite est: comment redémarrer en septembre prochain ?

Nous le savons tous, il faudra s'adapter et faire le grand écart, encore plus grand que d'habitude, pour tenter de réduire le fossé creusé par le confinement, qui a fait ressortir les inégalités sociales puissance 1000: inégalités d'accès à des outils numériques, inégalités du soutien familial dans le cadre du travail scolaire (parents en télétravail, parents démunis face au travail scolaire, parents ne parlant pas le français...). Bref, le confinement a été, je le crois, une grande catastrophe éducative pour certains élèves, même s'il a sans doute été salutaire d'un point de vue sanitaire.

Alors, comment rattraper le coup ? Pour moi, nous ne pourrons pas le "rattraper". Il faudra travailler différemment avec les enfants, et surtout ne pas oublier d'inclure dans les futurs apprentissages une dimension plus psychologique et empathique. Les enfants ont tous subit ce confinement, et sur beaucoup d'entre eux, des marques indélébiles sont apparues: stress, passivité, agressivité, peur, découragement face au travail, peur de ne pas réussir, d'avoir oublié, sentiment de nullité, après tant de temps passé en dehors de l'école... Rassurer, être à l'écoute, accueillir la parole des enfants me semblent être des points à placer au centre de l'action éducative de l'école désormais. 

Le confinement a eu des aspects négatifs, nous le savons tous. Une chose toutefois que j'ai apprécié, c'est de voir la relation école-famille évoluer. Je me suis rendue compte à quel point l'école est importante pour les parents et à quel point ils ont pu s'impliquer pendant cette période. J'ai très souvent été en contact avec eux, répondu à leurs questions, leurs craintes, leurs coups de colère aussi parfois. Dire que ce fut tous les jours facile serait mentir, il est vrai que certaines familles ont pu quelque peu abuser de la messagerie créée tout spécialement pour notre classe, et nous envoyer des mails les samedis et les dimanches, en exigeant une réponse immédiate, mais dans la grande majorité des cas, les échanges ont été très constructifs et ont permis de suivre l'enseignement de l'enfant à distance. 

L'implication des parents dans l'éducation scolaire de leurs enfants. Voilà ce que j'ai constaté. Ils n'ont pas eu le choix, ils s'en sont fait des cheveux blancs, et ont voulu que leurs enfants apprennent "comme à l'école". Pour certains, ce fut une réelle pression, de vouloir faire "aussi bien que la maîtresse". 

Je retiendrais aussi de cette année scolaire la facilité avec laquelle les enfants apprennent lorsqu'ils sont en groupes de travail restreints: les élèves d'ordinaire inhibés s'expriment aisément, sans peur de se tromper. Faire des erreurs n'est plus un problème, les plus timides commencent même à l'accepter. Les plus bavards se régulent car il y a moins de bruit dans la classe. La maitresse est plus disponible pour circuler entre les élèves, ré-expliquer une consigne, prendre le temps...de prendre le temps d'apprendre !


Le retour à l'école le 11 mai fut une bonne chose !

J'écrivais un article sur ce blog il y a quelques temps en y expliquant mes craintes de retourner à l'école, dans les conditions imposées par le protocole sanitaire, et finalement, je me suis rendue compte que cela était faisable, agréable de retrouver mes élèves, et même vital pour eux. C'était VITAL pour les enfants de revenir à l'école. Ce n'est pas que MOI qui le dit. Ce sont avant tout les ENFANTS. "Maitresse, tu sais, je commençais à vraiment m'ennuyer à la maison sans toi et mes copains, c'était tellement long !". "Maitresse, moi je pleurais souvent, c'était stressant de ne pas savoir quand on allait revenir". "J'ai eu l'impression qu'on ne reviendrait jamais, ça m'a fait peur". 


Alors si je dois retenir une chose, moi qui à l'heure actuelle, comme vous tous, ne sait pas dans quelles conditions nous reprendrons en septembre, ni même comment se passeront l'automne, puis l'hiver: j'espère que nos élèves reprendront tous le chemin de l'école, car c'est un besoin vital pour eux, d'un point de vue éducatif mais aussi social et psychologique, puis plus largement sociétal et économique pour nous tous.



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